Je vais vous parler des bizarreries des marchés boursiers et obligataires

Je vais vous parler des bizarreries des marchés boursiers et obligataires

Que se passera-t-il sur les marchés boursiers et obligataires. L'analyse d'Alessandro Fugnoli, stratège en chef des fonds Kairos

Des bons du Trésor américain physiques d'une valeur de plus d'un demi-billion de dollars sont échangés chaque jour dans le monde. Si des dérivés qui ont ces titres comme actifs sous-jacents sont inclus dans le compte, la quantité négociée doit naturellement être multipliée. En seulement une semaine de mars 2020, en ne calculant que les titres moyen-long, une valeur équivalente de 12 500 milliards a été négociée, produits dérivés compris.

Au cours des six mois allant de début avril à fin septembre 2020, le rendement du dix ans américain a fluctué entre 0,50 et 0,60%. Des milliers de milliards de dollars d'obligations à dix ans ont donc été achetés pendant six mois sachant qu'un flux global de coupons compris entre 5 et 6 % serait obtenu de 2020 à 2030, plus quelques miettes d'intérêts composés et moins d'impôts.

Il n'a fallu qu'un an d'inflation (à 5,0% de mai 2020 à mai 2021) pour se faire retirer dix ans de coupons. Il en reste maintenant neuf autres. Avec une inflation à zéro pendant neuf ans, ce sera même, mais avec une inflation supérieure à 2% (ce que la Fed déclare vouloir dans la prochaine phase historique et que la BCE s'apprête à annoncer comme objectif dès sa revue stratégique) les malheureux acheteurs de Treasuries de 2020 se retrouveront en 2030 avec une perte de pouvoir d'achat d'au moins 18%. Et ce sur le sans risque par excellence.

Au vu des données d'inflation américaine, qui devraient encore se dégrader par rapport au mois dernier, nous avions vu, pour la première fois depuis un certain temps, des positions baissières sur les Treasuries et, plus particulièrement, sur le marché boursier américain. C'étaient des positions timides mais autoritaires. Mais il s'agissait de positions tellement à contre-courant qu'elles ont été fermées à perte avant même la publication des données. Et ils ont bien fait d'être fermés, car, à 5 pour cent publiés (pire que les pires attentes), les Treasuries, comme disaient les grands-mères quand on étudiait le français à l'école, n'ont pas fait un plissé, tandis que la bourse américaine, réconfortée par le stoïcisme obligataire, il s'est immédiatement lancé vers de nouveaux sommets historiques.

Ce résultat n'est bizarre qu'en apparence. Ceux qui achètent le gouvernement à 1,50 avec une inflation à 5 le font pour des raisons spécifiques. Le plus gros acheteur est la Fed, qui continue de dévorer 120 milliards de titres par mois et le fait pour des raisons politiques. Ensuite, il y a les banques centrales du reste du monde, qui voient arriver chaque mois une quantité croissante de dollars en raison de l'effet du déficit courant américain qui est revenu aux niveaux records des années 2000. Ensuite, nous avons les compagnies d'assurance-vie. du monde entier, du Japon vers le bas, qui sont obligés par leurs régulateurs d'acheter de grandes quantités de (soi-disant) titres sans risque. Sans parler des banques (plus en Europe qu'en Amérique), qui stockent une partie des liquidités obtenues à des taux favorables auprès des banques centrales dans les agences gouvernementales.

Encore moins bizarre est le comportement des bourses, qui n'ont aucune raison de craindre l'inflation tant que les taux restent immobiles et extraordinairement bas. Les taux immobiliers et la hausse de l'inflation sont en effet positifs pour les actions, car ils signifient des taux réels de plus en plus profondément négatifs et donc des multiples plus élevés.

Combien de temps cette situation va-t-elle durer ? Au moins quelques mois et au maximum quelques années. En fait, pendant quelques mois, nous serons encore dans la logique de l'urgence, à traîner au plus près des élections de mi-mandat américaines l'année prochaine et, en Europe, des élections françaises de mars. Si l'inflation transitoire se poursuit, comme cela est probable, au second semestre 2021, le confort sera toujours trouvé dans la décélération tout aussi probable. Une fois que vous aurez vu l'inflation 5, en fait, les 4 et 3 seront très beaux et plus que dignes d'être célébrés par les marchés.

Et lorsque l'inflation transitoire laisse le champ à l'inflation structurelle (au début de l'année prochaine, lorsque l'output gap commence à se combler dans un nombre croissant de pays), cette dernière va démarrer en catimini et nous apparaître pour un certain temps, peut-être à la hausse. au milieu de la décennie, plutôt doux.

La répression financière, positive pour les bourses et neutre pour le prix nominal des obligations, pourrait alors durer des années si la Fed garde comme phare de son action non plus le taux de chômage (le rapport entre les chômeurs et la population active) mais l'Epop (le rapport entre la population active et la population totale). Cette métrique favorisera des millions de personnes qui sont désormais chez elles même par leur choix vers des ressources inutilisées (et donc non inflationnistes si elles sont utilisées). Le paradoxe est qu'une partie de ces ressources, pour choisir de s'employer, aura besoin du stimulus (inflationniste) d'un salaire plus élevé.

En conclusion, il devient de plus en plus clair que la première partie de la décennie sera la plus favorable, à la fois pour l'économie et pour ceux qui investissent, et qu'à un moment donné les effets secondaires des nouvelles politiques se feront sentir à travers une volatilité croissante du cycle économique et des marchés. Si les choses restent dans ces termes, une présence importante d'actions dans les portefeuilles pourra plus que compenser, pour un temps pas forcément court, l'érosion du pouvoir d'achat que ne pourra que subir la composante emprunts d'Etat.


Cet article est une traduction automatique de la langue italienne d’un article publié sur le magazine Début Magazine à l’URL https://www.startmag.it/economia/mercati-azionari-obbligazionari-cosa-succede/ le Sun, 13 Jun 2021 06:00:13 +0000.