Que feront la Russie et la Chine pour influencer les élections en France

Que feront la Russie et la Chine pour influencer les élections en France

La Chine et la Russie tentent d'influencer les élections en France. C'est comme ça. L'article de Giuseppe Gagliano

Comment la Chine et la Russie ont-elles tenté – et tentent-elles – d'influencer les choix politiques en France ?

Nous avons entendu certains experts du secteur qui ont demandé l'anonymat et surtout certains analystes français proches des services de sécurité. Leur réflexion est d'une grande importance, en plus d'être très articulée.

Si les opérations d'influence russe et chinoise partagent le même objectif de diffuser un discours alternatif face aux principaux enjeux géopolitiques (crises ukrainienne et syrienne pour la Russie ; volonté hégémonique de la Chine en Asie et sa réponse à la crise du Covid), ces cependant, ils reposent chacun sur un mécanisme spécifique.

Les médias ( Sputnik News , China Central Television , etc.), les appareils étatiques chinois et russes sont des piliers importants de la guerre de l'information, mais loin d'être les seules entités impliquées dans les opérations d'influence de ces deux pays. En Russie, les "usines à trolls" occupent une place centrale dans le système national de contrôle de l'information. Bien que le gouvernement russe ait maintes fois nié leur existence, il ne fait désormais plus aucun doute qu'ils sont un pion important sur l'échiquier russe de l'information, minant sans cesse l'opinion française (et internationale) pour présenter la Russie sous un jour favorable.

Si ces trolls et faux comptes sont mobilisés dans le prolongement de la lutte d'influence franco-russe en Afrique, la désinformation russe va même jusqu'à s'immiscer dans les affaires les plus sensibles de la vie politique française : fuites et fausses informations diffusées sur le privé vie du candidat En Marche ! démontré l'implication probable d'acteurs étatiques russes dans le piratage des mails de l'entourage d'Emmanuel Macron. La relance de cette information dans une campagne de presse Spoutnik et légitimée par certains députés français pour nuire à la candidature d'Emmanuel Macron a montré l'implication d'acteurs russes dans cette opération, même si aucune preuve directe n'a pu prouver le lien entre les assaillants et le Kremlin.

Si l'identification des acteurs à l'origine de ces cyberopérations ne prouve pas systématiquement leurs liens avec l'État russe, une chose est sûre : le gouvernement russe a cherché à tirer profit d'opérations destinées à nuire à des candidats peut-être plus critiques envers Moscou et à favoriser leurs adversaires de Moscou. sympathies pro-russes.

La crise des Gilets jaunes est un autre moment de tension paroxystique dans lequel un mécanisme similaire a été observé : la diffusion massive de fausses informations partagées par des reportages russes ou pro-russes visant à amplifier l'hostilité de la population contre le gouvernement français. Une constante de la stratégie d'information russe semble donc être de s'appuyer sur des acteurs apparemment étrangers à l'État russe, qui nie systématiquement son implication dans ces opérations d'influence, afin d'influencer l'opinion française.

La stratégie de la Chine, tout en mobilisant certains outils similaires, repose généralement sur des mécanismes et des dispositifs autres que la Russie. Celle-ci a deux objectifs distincts et complémentaires qui sont « de séduire et d'assujettir le public étranger » et « de s'infiltrer et de conditionner ».

Les opérations d'influence chinoises s'inscrivent donc dans ce cadre stratégique, à travers un mix d'opérations d'influence « soft » et d'actions de communication agressives. Sur ce dernier point, les dirigeants et représentants du Parti communiste chinois, en Chine et à l'étranger, ont un rôle clé dans la stratégie d'information de leur pays. Fidèles à la diplomatie des « loups guerriers », leurs discours se caractérisent par un discours agressif face à toute remise en cause du discours officiel chinois.

Mais la Chine mobilise d'autres outils de guerre de l'information pour toucher l'opinion publique : Pékin s'appuie sur un appareil médiatique et technologique impressionnant, comme en témoigne l'existence de la Base 311, une organisation nébuleuse qui regroupe des plateformes, des structures civiles et des médias affiliés à l'Armée populaire de libération. pour diffuser le récit chinois à l'étranger. Parmi ces structures, le média Voice of the Strait ou la China Huayi Broadcasting Corporation servent de façades civiles de la propagande de l'armée chinoise auprès des populations étrangères, notamment celles de Taïwan. En plus de cet appareil, Weibo et TikTok ont ​​​​été accusés de promouvoir ou de censurer des contenus susceptibles de promouvoir ou d'offenser les intérêts de Pékin.

Les leviers de l'utilisation des médias de masse, de la diplomatie publique, de l'utilisation de faux comptes sur les réseaux sociaux et du fonctionnement des plateformes numériques liées aux entités chinoises font partie intégrante de la stratégie chinoise. Si certains aspects de la guerre de l'information de Pékin recoupent les méthodes russes, la Chine a l'avantage d'être une puissance économique, numérique et démographique (du fait de la taille de son armée et de l'étendue de sa diaspora outre-mer). atteindre un public plus large que celui de Moscou.

Les acteurs des guerres de l'information russe et chinoise mènent depuis quelque temps leurs opérations au détriment de l'opinion publique française, terreau fertile à la désinformation due aussi à une méfiance croissante envers les médias et les responsables politiques. Si les objectifs et les moyens mis en œuvre pour ces opérations ne sont pas tout à fait identiques, ils se traduisent par une même volonté de promouvoir et d'encourager l'adhésion de la population française au discours russe et chinois.

Au-delà de ces actions, l'influence russe et chinoise en France s'appuie également sur des acteurs et instances bien identifiés, dont des personnalités politiques ou militantes, des think tanks ou des associations. Il s'agit notamment de Philippe de Villiers ou du Réseau Voltaire pour la Russie, la maison d'édition The Silk Road et The Bridge Tank pour le think tank chinois.

L'université française est un autre cheval de Troie préféré de Pékin. En fait, cela montre l'influence prédominante de la Chine. Parmi les variantes de cette stratégie, le programme « Des milliers de talents », initialement ouvert aux chercheurs de la diaspora sinophone avant de s'étendre aux chercheurs étrangers, « récompense » les chercheurs ayant des thèses pro-chinoises dans leurs travaux académiques en engageant de nombreux frais et la octroi d'une bourse pouvant atteindre 5 millions de yuans pour les universitaires qui rejoignent le programme. Outre cette aide financière, les Instituts Confucius et leurs partenariats avec les universités françaises sont un moyen pour Pékin de contrôler le discours envers la Chine dans la sphère académique. S'il est difficile d'évaluer la véritable place de ces instituts au sein de la stratégie chinoise, leurs partenariats avec les universités françaises comportent le risque pour les chercheurs d'autocensure sur certains sujets liés à la politique chinoise, comme l'évoquent certains universitaires s'exprimant lors d'événements organisés avec ces ouvrages.

Cette offensive d'information dans les universités, par « la promotion d'un récit officiel et l'exploitation des sciences humaines et sociales », viserait donc à discréditer toute critique des positions d'une puissance étrangère, en l'occurrence chinoise. Pression sur le milieu universitaire qui suscite des craintes légitimes pour l'avenir de la liberté de pensée et de l'intégrité scientifique dans le milieu universitaire.

Plusieurs voix se sont élevées face aux offensives d'information précitées pour doter la France des moyens nécessaires et faire face aux opérations de déstabilisation lancées par des acteurs russes et chinois. Les développements récents montrent que l'État français a pris acte de cette guerre de l'information et a pris des mesures pour se protéger des ingérences étrangères. Au niveau législatif, la loi anti-fake news adoptée en 2018 marque un premier pas dans cette direction, même si ses limites ont été soulignées par certains spécialistes.

La création de Viginum annoncée l'été dernier pour septembre 2021 prouve que l'État a pris au sérieux la menace de l'information. Cette structure, sous l'égide du secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale, regroupe une soixantaine de personnes chargées d'identifier les tentatives d'ingérence dans les informations en provenance de l'étranger et de les signaler aux pouvoirs publics. Cependant, la diffusion d'un contre-discours n'est pas l'apanage de cette nouvelle agence dont le rôle se limite à la collecte et à l'analyse d'informations. Cette initiative témoigne de la prise en compte de l'importance de ce problème au plus haut niveau de l'Etat, conscient de la menace que représente l'influence étrangère en vue des élections présidentielles.

L'action de ce service est contrôlée par un comité éthique et scientifique chargé de garantir la transparence du service et de formuler des recommandations pour améliorer son fonctionnement. Certaines startups contribuent également à l'effort français de guerre de l'information : en collaboration avec le ministère des Armées, le projet Confirma (contre-argument contre les fausses informations) est né pour caractériser les opérations de désinformation et identifier les acteurs qui les sous-tendent afin de proposer un contre-argument à ces tentatives d'ingérence.

Giuseppe Gagliano

Cet article est une traduction automatique de la langue italienne d’un article publié sur le magazine Début Magazine à l’URL https://www.startmag.it/mondo/russia-cina-elezioni-francia/ le Wed, 13 Apr 2022 05:42:15 +0000.