Tunisie, que se passe-t-il entre Saied et Ennahda

Tunisie, que se passe-t-il entre Saied et Ennahda

Le point sur la Tunisie par Agi, l'agence de presse dirigée par Mario Sechi

Ennahda, la cible du clash institutionnel ouvert par le président tunisien, Kais Saied, renonce à appeler au carré et s'ouvre au dialogue.

Le parti islamiste modéré finit cependant dans le collimateur de la justice, qui enquête sur lui pour financement illicite.

Les échauffourées de lundi dernier devant le Parlement entre sympathisants de Saïed et partisans d'Ennahda sont restées un épisode isolé. Les islamistes modérés se sont calmés et leur porte-parole, Sana Mersni, a réitéré leur disposition à considérer la crise comme close si des élections législatives et présidentielles anticipées étaient convoquées.

LES INTENTIONS DU PRESIDENT SAIED

Cependant, les intentions de Saïed ne sont pas encore claires : il a pris dimanche le pouvoir exécutif, suspendu l'activité du Parlement pour 30 jours et évincé le Premier ministre Hichem Mechichi et le président de l'hémicycle, Rached Ghannouchi, leader d'Ennahda.

Il y a un jour, Ghannouchi a déclaré qu'il était prêt à mobiliser sa faction, mais la menace de Saied de réagir par une "pluie de balles" à toute émeute semble avoir été reconnue.

LE NOUVEAU PREMIER MINISTRE N'A PAS ÉTÉ NOMMÉ

Le président n'a pas encore nommé le nouveau Premier ministre qui devrait l'assister dans l'activité gouvernementale mais a continué à éliminer les fonctionnaires qu'il considère comme un obstacle.

Après les ministres de la Justice et de la Défense, Saied a destitué par décret une vingtaine de hautes fonctions parmi lesquelles se distinguent le procureur général Tawfiq al Ayouni, le secrétaire général du gouvernement Walid al Dhahabi, le chef de cabinet Al Muizz et de nombreux conseillers de Mechichi.

LE FEU D'ARTIFICE EST TOUJOURS EN VIGUEUR

A Tunis, la situation semble calme. Le couvre-feu de 7 à 6, qui aurait dû expirer aujourd'hui, n'a pas encore été levé. Des véhicules de l'armée gardent l'avenue centrale Bourghiba, surplombée par certains des principaux bâtiments institutionnels, prêts à réprimer d'éventuels troubles.

L'ENQUÊTE POUR FINANCEMENT ILLÉGAL

Saida Ounissi, une parlementaire d'Ennahda, a confirmé que la conclusion de l'enquête avait été notifiée il y a quelques jours, mais a déclaré que la nouvelle avait été publiée aujourd'hui pour organiser un procès médiatique. Bien qu'Ennahda ait formellement rompu les liens anciens avec les Frères musulmans, Ghannouchi est toujours resté très proche des grands sponsors de cette organisation, à savoir la Turquie et le Qatar.

L'évacuation, lundi dernier, de la branche tunisienne de la télévision qatarie Al Jazeera apparaît, de ce point de vue, comme plus qu'un indice. L'activité des enquêteurs ne semble pas destinée à s'arrêter là. Nabil Karoui, le magnat de la télévision en charge de Qalb Tounes, a plusieurs procédures ouvertes pour délits financiers, dont certaines lui ont coûté de multiples détentions préventives. Au cours des dernières heures, le domicile de Rached Kiari, un parlementaire membre du mouvement islamiste Karama qui affirme être en possession de documents prouvant des financements illicites reçus, à son tour, de Saied a également été perquisitionné.

Avec la suspension de l'immunité parlementaire décidée par le président, qui s'est dit déterminé à éradiquer la corruption qui sévit dans la politique tunisienne, les juges disposent d'une grande marge de manœuvre. Saied semble donc avoir un allié qui pourrait lui permettre de nettoyer ses adversaires sans recourir à la force.

L'ATTITUDE CONCILIANTE DE L'EENAHDA

L'attitude conciliante d'Ennahda donne une mesure de la faiblesse du parti qui était la cible principale des manifestations qui ont précédé le coup d'État du président dimanche dernier .

Un retour aux urnes pourrait réserver de mauvaises surprises aux islamistes, qui contrôlent actuellement environ un quart des sièges mais sont identifiés comme les principaux coupables de la paralysie politique qui a empêché le gouvernement de répondre adéquatement à l'épidémie de Covid-19, qui a provoqué 18 000 morts dans un pays de 11 millions d'habitants, et ses conséquences économiques, avec la fermeture des flux touristiques qui a fait exploser le chômage, notamment chez les jeunes.

QUI SOUTIENT LE PRESIDENT SAIED

Car ce Saied, outre le soutien de l'armée, peut aussi compter sur le soutien des syndicats, qui ont canalisé la colère de milliers de chômeurs.

L'ENQUÊTE IMPLIQUANT ENNAHDA, QUALB TOUNES ET AYICH TOUNES

Outre le mécontentement populaire, Ennahda fait désormais face à l'enquête pour financements étrangers illégaux ouverte par le tribunal de première instance de Tunis, qui impliquait également Qalb Tounes, allié laïc au Parlement, et Ayich Tounes, parti fondé en 2018 par le philanthrope Olfa Terras.

Le porte-parole du tribunal, Mohsen Dali, a assuré que les enquêtes, qui concernent certains contrats avec des "lobbies et groupes de pression", avaient été ouvertes le 14 juillet et a réaffirmé l'indépendance de la justice.


Cet article est une traduction automatique de la langue italienne d’un article publié sur le magazine Début Magazine à l’URL https://www.startmag.it/mondo/tunisia-che-cosa-succede-fra-saied-ed-ennahda/ le Wed, 28 Jul 2021 13:46:06 +0000.