Tirez la sangle

Dans les commentaires d'un post précédent Marco, notre ami le paradigme du savant idiot (ce n'est pas une insulte : c'est un néologisme ), personnage qui réapparaît régulièrement dans ce blog sous les traits de l'ingénieur Piddino qui croit argumenter dans le sphère économique par un picorage maigre et désordonné sur Wikipédia de théories qui lui semblent appuyées par le principe d'autorité, nous dit en gros que les Français sont mieux lotis que nous (notez bien : personne n'avait dit le contraire ! L' idiot savant ' s commentaire a été inséré à la suite d'une concession subordonnée d' idivev : "La France sera toujours etc.", c'est-à-dire : admis et non accordé que la France est… Mais les idiots savants , comme on le verra mieux dans le cas climatique, sont mal à l'aise avec la grammaire élémentaire…). Pourtant : Marco nous a dit que les Français sont mieux lotis que nous car "le salaire net moyen à Paris reste 30% plus élevé qu'à Milan" (strictement sans source, sans considérer que la France ce n'est pas Paris et l'Italie c'est encore moins Milan, etc. Mais le propre du savant idiot, c'est justement qu'il sait : ses certitudes lui suffisent, il ne juge pas à propos d'étayer les vérités qu'il dispense magnanimement de citer les sources).

Eh bien, c'était l'une des deux prémisses du discours que je voulais vous faire aujourd'hui. Nous arrivons à l'autre.

Il y a peu le président d'a/simmetrie, Benedetto Ponti, a relancé sur Twitter un graphiste de Nicolas Goetzmann (dont je ne sais pas qui il est), lui-même relancé par Philipp Heimberger , dont on sait qui il est : il était intervenant lors d'un de nos événements sur les règles européennes ):

Le message est que la consommation alimentaire française (données mensuelles en millions d'euros à prix constants) est revenue au niveau de 2007. Etant donné que les salaires à Paris sont 30% plus élevés parce que le sucuggino (c'est-à-dire le cousin de Marco), il ne nous reste plus que une ligne d'interprétation de cette donnée : évidemment les Français sont très soucieux de l'essayage du costume, et donc, même s'ils naviguent en or, ils préfèrent l'accumuler pour nager comme Scrooge McDuck, plutôt que de le dépenser en Bourgogne et Camembert ( qui ruinent la ligne et d'ailleurs ils devraient avoir du Nutriscore rouge, ou du moins j'espère…).

Là aussi, comme dans le cas des savants idiots , la source manque, et j'ai damné mon âme pour la trouver (avec l'occasion, je vous rappelle, si vous y croyez, de soutenir avec vos 5×1000 a/symétries , un groupe de réflexion que les sources les citent). Il s'agira probablement de sources nationales, car ni à Eurostat ni à l'OCDE je n'ai trouvé de ventilation des dépenses de consommation des ménages à ce degré de granularité : à Eurostat et à l'OCDE, par exemple, il y a des dépenses de consommation alimentaire, mais annuelles, tandis que trimestriels, ils ne distinguent que les biens non durables, semi-durables et durables (et il n'y a pas de mensuels).

Je n'exclus pas que vous puissiez trouver quelque chose en cherchant mieux (peut-être que vous réussirez), mais j'étais intéressé à faire une comparaison internationale rapide, et je l'ai fait avec ce que j'ai trouvé, c'est-à-dire ceci :

Maintenant, à l'intention des idiots de savants , je précise que celui présenté ci-dessus est un indice, qui nous renseigne donc sur la dynamique, pas sur le niveau du phénomène : mais, si cela vous intéresse, il y a aussi le chiffre en volume (millions d'euros à constantes :

sur lequel, si nous étions passionnés ici par le thème soulevé par le "cuggino de sucuggino" (c'est-à-dire par Marco), ou "les Français ou les Italiens sont-ils plus riches ?", il faudrait au moins deux ajustements : la conversion en per capita terme, et la correction pour parité de pouvoir d'achat (car je pense qu'il est difficile de faire l'hypothèse que la vie de Giambellino coûte autant que le faubourg Saint Honoré). Un véritable économiste, cependant, aura tendance à être plus passionné par la dynamique que par la statique. Après tout, même pour un politicien, les tendances actuelles sont beaucoup plus pertinentes que les points de départ, pour la simple raison que quel que soit le point de départ, le mandat que reçoit le politicien est de l'améliorer, donc le plus pertinent devient : sommes-nous en train d'obtenir mieux ou moins bien, et de combien ? Une question dynamique et non statique : où allons-nous ?, pas : où sommes-nous ?

Cependant : en ce qui concerne la dynamique, les deux graphiques disent fondamentalement la même chose.

En particulier, en partant de la fin : il se confirme que les dépenses de consommations non durables (qui incluent donc aussi le tabac, l'habillement, etc.) des ménages français sont nettement sous-développées, en ligne avec la tendance de son sous-ensemble (dépenses alimentaires, ceux indiqués dans le graphique de l'ami de l'ami de l'ami). Le dernier chiffre trimestriel pour 2022 est de 83 milliards, un cousin des 83,1 du troisième trimestre 2001 (un grand bond en arrière).

L'Italie vous intéresse ?

Dans la même logique, le dernier chiffre trimestriel pour 2022 est de 78,9 milliards, un cousin de 78,4 au premier trimestre 2015. On peut donc dire, sans dire faux, que pour nous le bond en arrière induit par la crise énergétique, avec en annexe scénario d'inflation, n'est que de sept ans, alors que pour les Français de plus de 20 ans. En vertu de cette dynamique, à ce jour, si l'on mesure le bien-être en termes de capacité de dépense pour les consommations non durables (hors voiture, électroménager, etc., qui en tout cas contribuent à procurer un peu de bien-être), en paramétrant les volumes de dépenses à la population on a qu'en France la dépense par habitant est de 83 milliards divisé par 67,8 millions, soit 1225,5 euros par trimestre, alors qu'en Italie elle est de 78 , 9 milliards répartis hélas seulement 59,1 millions, soit 1334,9 euros par trimestre. Le cousin de Marco n'aurait aucun mal à nous démontrer avec un modèle revu par des pairs que, même s'il n'en a pas l'air, la dépense française par habitant est 30% supérieure à celle italienne (parce qu'à Paris, etc.). En revanche, les données (mais les données, on le sait, ne sont pas nécessaires à ceux qui détiennent la Vérité) établissent que la dépense par habitant des familles françaises en consommation non durable est inférieure de 8,1 % à celle des familles italiennes . Si vous vous tournez vers les données, plutôt que vers des idiots revus par des idiots (c'est-à-dire par leurs pairs ), vous comprenez pourquoi les gens sont dans la rue en France et pas ici (et je répète que je suis désolé que les gens soient obligés d'aller dans la rue et qu'ils ne suis-je pas content que cela se passe dans un pays que j'aime : pourtant je suis content quand certains phénomènes relèvent de la rationalité économique : ça m'aide à penser que je n'ai pas perdu mon premier demi-siècle).

Après cela, nous devrions peut-être effectuer un zoom arrière, et nous pouvons le faire de deux manières : avec des indices ou avec des valeurs absolues. Il est conseillé de le faire dans les deux sens également pour vous aider à comprendre quelque chose que les savants idiots (oui, vous l'avez compris : c'est le terme cultivé pour désigner les piddini anthropologiques) échappent normalement : quelles informations fournissent les index.

En effet, si l'on regarde le premier graphique, on constate qu'en prenant 2005 comme 100, au dernier trimestre 2022 la consommation non durable des familles italiennes est de 85 et celle des familles françaises est de 98 (donc la consommation italienne a diminué de 15% et des ménages français de 2 %). La question se pose alors spontanément : mais si la baisse de notre consommation est sept fois celle de la consommation française, pourquoi ne sommes-nous pas descendus dans la rue ?

Ce n'est pas si étrange, ou, pour être précis : ce n'est pas étrange que nous ne descendions pas dans la rue maintenant (puisque, comme déjà mentionné, dans l'absolu, nous sommes mieux lotis que les Français, après leur dernier accident).

En effet, comme vous pouvez le voir sur le deuxième graphique, en 2005 (en fait, de 2000 à 2009) la consommation de biens non durables de nos ménages était supérieure, et pas peu, à celle des ménages français. Bref : on menait une vie plus confortable, on s'en souvient (certainement pas les "scientifiques" Awanagana qui viennent me défoncer les rousses sur Twitter avec leur menton encore barbouillé de ricotta régurgitée, pauvres petites stars…). En chiffres, si l'on considère les valeurs de la population au 1er janvier 2005, au premier trimestre 2005 en France les dépenses par habitant des ménages en consommations non durables étaient de 84,7 milliards divisés par 62,7 millions, soit 1 350,7 euros par trimestre (plus ou moins où nous en sommes actuellement), alors qu'en Italie il était de 92,8 milliards divisé par 57,8 millions, soit 1 605,6 euros par trimestre. En bref : au premier trimestre 2005 (une année que je choisis uniquement parce que c'est la référence des indices Eurostat) les Italiens ont dépensé (par habitant) 18,9% de plus que les Français en consommation durable, mais surtout ils ont dépensé 20,2% plus que les mêmes Italiens dépensent aujourd'hui .

Bref : c'est vrai qu'on a fait un grand plongeon depuis avant la crise mondiale, mais c'est aussi vrai qu'on était bien mieux lotis que les Français, donc aujourd'hui on continue d'être un peu mieux lotis qu'eux, et en dynamique termes aujourd'hui l'appauvrissement provoqué par la dernière crise est bien moins dramatique que ce que vivent malheureusement les familles françaises.

Il n'est donc pas étrange qu'ils se rendent maintenant sur la place, comme je l'ai dit.

Ce qui est étrange, c'est que pendant que nous étions massacrés par l'austérité (et ne me dites pas que vous ne voyez pas quand c'est arrivé), nous ne sommes pas descendus sur la place. Mais même ceci n'est pas si étrange : le boucher de l'époque expliquait bien comment cela s'était passé , et le climat de cette période est résumé par cette image devenue à juste titre iconique :

Il n'y a rien de mal à entretenir des relations détendues avec vos adversaires : j'ai fait la même chose avec Camusso quand je l'ai rencontrée (peut-être aussi parce que j'étais distrait par autre chose). En ne les combattant pas, et dans les raisons de ne pas les combattre, cependant, les électeurs pourraient voir quelque chose de mal, et ils l'ont vu.

Maintenant, comme alors, je suis contre ce genre de choses ici, maintenant comme alors, en vous donnant les chiffres et les raisons de mon opposition, mais maintenant, contrairement à alors, avec un peu plus de latitude pour éradiquer la mauvaise plante qui a infesté, compromettant notre bien-être d'une manière difficile à guérir. Nous y travaillons, mais en attendant, je le répète : l'irrationnel, après avoir nui à ceux qui l'ont subi, se retourne contre ceux qui l'ont voulu. Ce n'est pas Schadenfreude . Je la définirais plutôt comme l'utilisation de la force de l'adversaire : la seule ressource de ceux qui s'engagent dans le combat dans des conditions d'infériorité.

Je te devais tant (ou plutôt, je devais tant au cousin de Marco, qui va maintenant revenir à la rescousse avec humeur…).


Cet article est une traduction automatique de la langue italienne d’un article écrit par Alberto Bagnai et publié sur le blog Goofynomics à l’URL https://goofynomics.blogspot.com/2023/05/tirare-la-cinghia.html le Wed, 10 May 2023 14:48:00 +0000.