Les funérailles du pape Benoît XVI entre exception et paradoxe

Les funérailles du pape Benoît XVI entre exception et paradoxe

Les funérailles du pape Benoît XVI dans la réflexion de l'historien Franco Cardini extraite de son profil Facebook

Les vêtements portés représentent l'éternité du pontificat romain qui a survécu à la misère humaine.

La dépouille mortelle de Joseph Ratzinger, Benoît XVI, restera exposée jusqu'à demain au Vatican, selon la tradition. Comme toujours – mais dans ce cas plus que dans d'autres – la sortie du pontife de ce monde s'est accompagnée de respect et de regret, mais aussi de perplexité et de polémique. Nul doute qu'à l'égard de certains de ces derniers, beaucoup de malveillance et surtout d'ignorance se soient mêlées de réserve et de douleur. Si et quand les choses ne se connaissent pas, mieux vaut ne pas en parler ou admettre l'incompréhension et la désinformation. Mais évidemment l'humilité n'est pas à la mode.

Allongé sur le lit funéraire, vêtu de la chasuble écarlate qui évoque la gloire et le martyre en hommage aux souffrances endurées et au triomphe du passage à la Vie éternelle, le pontife porte sur le front la simple mitre épiscopale. De plus, le trirègne est entré dans le cérémonial liturgique avec Boniface VIII et a été aboli par Paul VI ; quant aux souliers noirs, devant lesquels on s'émerveillait en évoquant peut-être les chaussons liturgiques écarlates d'autres papes, on est bien là devant une image rugueuse et émouvante de l'humilité.

LES CHAUSSURES ÉCARLATES

Mais Benoît XVI n'avait en aucun cas droit aux chaussures écarlates, tout comme après la réforme des robes papales voulue par le pape François elles n'appartiennent plus à personne.

Le rouge et l'or de l'habit papal auquel nous étions tous habitués était le dernier souvenir des insignes impériaux que les pontifes romains s'étaient appropriés, semble-t-il, au moins à partir du VIIIe siècle : c'est-à-dire à partir de de la chancellerie de l'évêque de Rome, cet étrange document, le Constitutum Constantini, selon lequel l'empereur, abandonnant la Rome antique pour la nouvelle qu'il avait fait construire sur les bords du Bosphore, aurait donné à l'évêque de la ville les insignes impériaux le faisant de facto maître et gardien de l'empire. L'idée du pape supérieur à tous les empires de la terre, ravivée au XIe siècle par le pape Grégoire VII dans sa polémique contre l'empereur Henri IV puis par Innocent III – qui proclama l'évêque de Rome non seulement "successeur de Pierre", mais aussi "vicaire du Christ", postulant ainsi une royauté éternelle du Sauveur qui s'exprimait dans la succession continue de ses représentants – il donna vie à une vision de la "royauté du Souverain Pontife" qui continua à s'exprimer jusqu'au « Pape-Roi » du XIXe siècle mais aussi au-delà : les mêmes institutions de l'État de la Cité du Vatican sont l'expression d'une souveraineté qui n'a rien de constitutionnel : c'est-à-dire qu'elle est « absolue » au sens étymologique du terme , ad-soluta par rapport à tout conditionnement.

À QUOI SERONT LES FUNÉRAILLES ?

Des funérailles auront lieu jeudi. Il n'y aura pas d'enterrements pontificaux solennels, ceux dus au pontife qui durent traditionnellement neuf jours, Benoît XVI ayant renoncé au titre pontifical. Mais deux papes seront toujours présents, l'actuel vivant et l'émérite décédé. Ce sera un morceau de plus de cette mosaïque d'exception et de paradoxe. Cela n'aurait eu aucun sens pour un pape « démissionnaire » de continuer à porter la robe candide du vicaire du Christ ; tout comme cela n'a pas de sens (et en fait n'arrive pas) qu'un évêque émérite continue à porter l'insigne épiscopal une fois que les termes de son mandat sont arrivés à expiration. Mais tous les événements relatifs à la fonction pontificale, depuis une dizaine d'années, se sont déroulés sous le signe du paradoxe.

QU'EST-CE QUE LA PAPAUTÉ DE BENOÎT XVI

Benoît XVI était un grand pape qui a eu le courage d'exposer et d'affronter les misères et les scandales de l'Église. Peut-être manquait-il de l'énergie suffisante pour abandonner les institutions qu'il aimait tant et auxquelles il avait consacré toute sa vie et ses énergies d'homme et d'érudit. Même lorsqu'il ne se sentait pas digne de la charge à laquelle il avait été appelé, il ne voulait pas faillir au maintien d'une institution qui lui avait été confiée.

Un grand érudit, Ernst Kantorowicz, dans le 'Double corps du roi', a étudié la relation entre l'être mortel qui pendant un certain temps prête la vie physique à une institution éternelle et l'éternité de cette fonction qui survit à celui qui l'a revêtue. "Le roi est mort; longue vie au roi!". Un autre grand érudit, Agostino Paravicini Bagliani, a étudié dans des livres extraordinaires le "double corps" du pape, l'immortel et le mortel. L'éternité du pontificat romain, qui survit à la misère humaine comme l'arc-en-ciel au-dessus de la cascade.


Cet article est une traduction automatique de la langue italienne d’un article publié sur le magazine Début Magazine à l’URL https://www.startmag.it/mondo/funerali-papa-benedetto-xvi/ le Wed, 04 Jan 2023 10:19:33 +0000.