Les Turcs allemands laisseront-ils Erdogan gagner les élections ?

Les Turcs allemands laisseront-ils Erdogan gagner les élections ?

Plus de trois millions de Turcs vivent en Allemagne et plus de la moitié ont le droit de vote. Depuis des années, ils se sont unis contre Merkel, coupable de ne pas vouloir de la Turquie dans l'Union européenne, mais avec Erdogan, ils ont retrouvé une fierté nationaliste, endormie et non effacée, et rêvent d'un retour à une Grande Turquie. L'article de Roberto Giardina pour Italia Oggi

Après vingt ans au pouvoir, la victoire du président turc Erdogan est incertaine. En octobre, la Turquie, héritière de l'Empire ottoman, fête ses 100 ans. Sera-t-il toujours au pouvoir ? Les sondages le montrent outsider, ou de peu devant, par une marge très mince.

Mais aux élections de dimanche prochain, il pourrait être réélu grâce au soutien des Deutschtürken , les Turcs qui vivent en Allemagne. Ils sont plus de trois millions, et un demi, plus d'un million et demi ont le droit de vote. Et un million ont des doubles passeports, et ils votent même en tant qu'Allemands. Depuis des années, unies contre Frau Merkel, coupable de ne pas vouloir de la Turquie dans l'Union européenne. Ils ont déjà voté par correspondance du 27 avril jusqu'à hier.

Ils sont intégrés, comptent plusieurs membres du Bundestag, qui sont des militants dans tous les partis, sauf l'AfD à l'extrême droite. Cem Özdemir est ministre de l'Agriculture. Leur réalisateur, Fatih Akin, né à Hambourg, a remporté le Festival du film de Berlin avec The Turkish Bride (2004), et leurs écrivains d'origine allemande écrivent des best-sellers en allemand.

Je vis à Berlin, parmi les Turcs, environ 200 000 sur 3,5 millions d'habitants. Je les pensais parfaitement intégrés, mais à cause d'Erdogan ils ont retrouvé leur fierté nationaliste, endormie et non effacée, et ils rêvent d'un retour à une Grande Turquie. Il y a trente ans, je voyais des filles turques en minijupes, maintenant leurs filles arborent à nouveau le Kopftuch, le voile islamique, signe d'oppression masculine, mais beaucoup d'entre elles prétendent que c'est un symbole patriotique.

Les Turcs d'Allemagne en 2018 ont voté à 65% pour Erdogan (la participation était de 45%). Dans la Ruhr, le pourcentage était de 75. Les jeunes sont aussi pour lui. A la maison en revanche, entre 18 et 25 ans, seuls 18% aimeraient être reconfirmés. Cette année, pour des raisons de santé, le président n'est pas venu faire campagne à Berlin ou à Cologne, où se dresse la plus grande mosquée d'Europe, et il n'a même pas envoyé un seul de ses ministres. Mais ses partisans sont plus actifs que jamais. Il serait interdit aux communautés étrangères de faire de la propagande politique, mais elles ferment les yeux si elles n'exagèrent pas.

A Nuremberg, 25 immenses panneaux d'affichage sont apparus aux angles avec Erdogan, la main sur le cœur, et le slogan en turc : "Le bon homme au bon moment". En raison des protestations, les panneaux d'affichage ont disparu.

C'est un paradoxe, mais ce sont surtout les femmes qui se rangent du côté d'Erdogan qu'elles appellent « notre super-père », alors qu'il est traditionaliste religieux. Il y a cinq ans, son parti AKP a perdu sa majorité absolue, et Erdogan, 69 ans, n'a réussi à l'emporter que grâce au soutien des partis d'extrême droite. Les droits des femmes ne sont pas protégés, il y a vingt ans il y avait deux députés au parlement d'Ankara, aujourd'hui il y en a 17, encore peu. Une femme est tuée chaque jour en Turquie.

Les Allemands n'aiment pas Erdogan. Ils s'imaginent que grâce à lui la Turquie deviendrait libre et démocratique, comme la Russie si Poutine était tué.

Mais la Turquie n'est pas seulement Istanbul, une métropole européenne, et la Russie n'est pas seulement Moscou ou Saint-Pétersbourg. Erdogan est peut-être un despote, mais il jongle avec l'Occident et Poutine avec un opportunisme cynique. Et, grâce aussi aux milliards reçus de l'Europe, elle accueille quatre millions de réfugiés syriens.

Que se passerait-il sans lui ?

Dimanche, nous votons après le tremblement de terre tragique de février, et les Turcs blâment Erdogan, non pas pour le tremblement de terre, mais pour la corruption coupable des bâtiments construits sans respecter les règles. Le pays traverse une crise économique majeure, l'inflation baisse mais reste supérieure à 50%. Le successeur d'Erdogan pourrait être Kemal Kilicdaroglu, un économiste de 75 ans issu d'une famille modeste, le troisième de sept frères. "Je ramènerai la Turquie à la démocratie", a-t-il promis. Selon les sondages, il devancerait Erdogan de 48% à 43%, mais les petits partis des coalitions respectives comptent. Il est alévi, la religion qui compte entre 18 et 23 millions de fidèles sur 85 millions d'habitants. Elles sont musulmanes mais pas intégristes, elles ne jeûnent pas pendant le ramadan, elles ne vont pas en pèlerinage à La Mecque, elles n'obligent pas les femmes à porter le voile et elles respectent la Bible en tant que texte sacré. Ils sont tolérants mais peu tolérés.


Cet article est une traduction automatique de la langue italienne d’un article publié sur le magazine Début Magazine à l’URL https://www.startmag.it/mondo/i-turchi-tedeschi-faranno-vincere-le-elezioni-a-erdogan/ le Sat, 13 May 2023 05:28:17 +0000.