La FINMA estime que les émetteurs de stablecoins constituent une menace pour les banques suisses

L'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA) considère les émetteurs de stablecoins comme un problème pour les banques du pays. Ses lignes directrices de 2019 ont déjà mis en évidence des préoccupations concernant les aspects juridiques et réglementaires des pièces stables.

Depuis, de nombreux projets ont été lancés en Suisse qui rendent la question encore plus urgente.

Les détenteurs de pièces stables ont généralement une créance de paiement contre l'émetteur, qui classe ces créances comme des dépôts bancaires ou des organismes de placement collectif.

La classification dépend du fait que les actifs sous-jacents sont gérés pour le compte et au risque du détenteur ou de l'émetteur du stablecoin.

La loi anti-blanchiment d'argent (RDC) s'applique presque toujours car les pièces stables sont utilisées comme moyen de paiement.

La FINMA estime que les émetteurs de stablecoins constituent une menace pour les banques suisses

Problèmes juridiques

En 2020, le Groupe d’action financière (GAFI) a identifié que les pièces stables partagent de nombreux risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme avec les crypto-monnaies.

Ces risques incluent les transferts anonymes via des portefeuilles autogérés, la portée mondiale et l’adéquation au blanchiment d’argent. Les fonctions de stabilité des prix et de préservation de la valeur des pièces stables les rendent attrayantes pour les criminels.

Les conflits mondiaux en cours ont montré le potentiel des pièces stables pour contourner les sanctions et financer le terrorisme.

Le 9 juillet, le GAFI a publié une mise à jour sur la mise en œuvre des normes pour les actifs virtuels et les fournisseurs de services.

La FINMA déclare que les émetteurs de stablecoins sont des intermédiaires financiers au sens des lois anti-blanchiment. Ils doivent vérifier l’identité des détenteurs de stablecoins et établir l’identité du bénéficiaire effectif. Si des doutes surgissent au cours de la relation commerciale, la vérification doit être répétée.

Plus tôt cette année, le Groupe interministériel de coordination de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme (CGMF) a également signalé des risques accrus de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme via les crypto-monnaies.

Le rapport du CGMF suppose que l’interdiction des comptes d’épargne au porteur s’applique aux transactions stablecoins de manière technologiquement neutre. Cela renforce l'obligation des intermédiaires financiers de vérifier l'identité des clients, qui est applicable à tous en vertu de la LBA.

Implications du droit bancaire

À l’échelle internationale, les émetteurs de stablecoins devraient être soumis à une surveillance nationale appropriée, suite aux recommandations de 2023 du Conseil de stabilité financière (FSB).

L'acceptation de dépôts publics à un niveau professionnel nécessite généralement une licence bancaire. Les dépôts du public sont des dettes envers la clientèle au sens de l'ordonnance sur les banques.

Il existe cependant des exceptions, comme les fonds bénéficiant de garanties bancaires pour le remboursement et les intérêts, qui ne sont pas considérés comme des dépôts publics.

En Suisse, certains émetteurs de stablecoins utilisent des garanties bancaires, ce qui leur permet de contourner les exigences d'agrément bancaire de la FINMA, mais nécessitent toujours une affiliation à un organisme d'autoréglementation en tant qu'intermédiaire financier.

Cela crée des risques à la fois pour les détenteurs de stablecoins et pour les banques fournissant la garantie. Afin de protéger les déposants, la FINMA a fixé des exigences minimales pour ces garanties par défaut, qui sont appliquées de manière technologiquement neutre aux stablecoins.

Il s'agit notamment de garantir aux clients des droits individuels contre la banque, la couverture de tous les dépôts publics, un accès simple aux garanties et l'admissibilité des défenses juridiques de la banque.

Malgré ces mesures, la FINMA estime que la protection offerte par ces garanties ne correspond pas à celle d'une autorisation bancaire. Les détenteurs de Stablecoin ne bénéficient d’aucune protection contre les dépôts en vertu de la loi bancaire.

De multiples garanties par défaut peuvent accroître les besoins de coordination et les risques opérationnels, conduisant potentiellement à des activités non autorisées si elles ne sont pas correctement gérées.