Le Digital Markets Act sera-t-il vraiment efficace contre les Big Tech ?

Le Digital Markets Act sera-t-il vraiment efficace contre les Big Tech ?

Le Digital Markets Act, voulu par l’UE pour endiguer les abus et limiter les positions dominantes des Big Tech, entre en vigueur aujourd’hui. Voici en quoi cela consiste. Profil d'Ugo Barbàra pour l'agence de presse Agi

Pour expliquer de manière simple ce qu'est la loi sur les marchés numériques, qui entre aujourd'hui pleinement en vigueur, il suffit de regarder ce qui se passe avec Google Maps. Jusqu'à il y a quelque temps, saisir une adresse dans la barre de recherche ouvrait automatiquement l'application Google. Ce n’est plus le cas : il faut se rendre sur Maps puis chercher l’adresse.

En effet, l’Union européenne ne souhaite pas que quiconque abuse de sa position dominante et rende automatique l’utilisation d’une application au lieu d’une autre, pénalisant – dans ce cas-ci – les autres fournisseurs de services de cartographie numérique.

QUE L’UE ESPÈRE RÉALISER AVEC LE DMA

Pour l’UE, il s’agit d’un défi colossal qui donnera lieu à des batailles acharnées, comme par exemple celle qui a donné lieu à l’amende de 1,8 milliard d’euros infligée à Apple pour abus de position dominante dans le domaine des applications de streaming musical. Le règlement sur les marchés numériques (DMA) établit une série d'obligations et d'interdictions pour lutter contre les abus afin de disposer d'un marché plus compétitif où même les plus petits acteurs peuvent prospérer. Six grandes entreprises technologiques – les américains Alphabet (Google), Amazon, Apple, Meta (Facebook, Instagram) et Microsoft, ainsi que le chinois ByteDance, propriétaire de TikTok – sont tenues de s'y conformer.

"Ce que nous attendons d'eux, c'est un changement de comportement", a déclaré mercredi à l'AFT Margrethe Vestager, la commissaire européenne à la concurrence. Une révolution dans le droit de la concurrence, après des années de procédures interminables et souvent inutiles pour tenter de mettre fin aux pratiques anticoncurrentielles des géants de l'Internet.

UN DÉFI COLOSSAL

Les groupes ciblés devront informer Bruxelles de toute opération de rachat, quelle que soit son ampleur. Ils devront surtout garantir l'accès aux services des concurrents, au lieu d'imposer par défaut leurs propres solutions : navigateur Internet, service de cartographie et applications. Les messageries instantanées WhatsApp et Messenger, par exemple, doivent être rendues interopérables avec les services concurrents qui le nécessitent.

Mais appliquer ce nouvel arsenal juridique – qu’Apple, Meta et TikTok contestent déjà en justice – « sera une tâche colossale », estime Bram Vranken, du think tank Corporate Europe Observatory. « Aujourd'hui encore, près de huit ans après l'adoption du RGPD (la loi européenne sur la protection massive des données), l'Union lutte pour garantir que Facebook respecte la vie privée de millions de personnes en Europe », note-t-il. À tel point que Bruxelles a infligé une amende de 1,2 milliard d’euros à Meta l’année dernière pour violation de la protection des données.

IL NE SERA PAS POSSIBLE DE POURSUIVRE TOUS LES CRIMES

Quant au DMA, un responsable européen a admis que la Commission européenne, le régulateur de la concurrence de l'UE, sera obligée de « choisir » les délits sur lesquels poursuivre en justice en raison de ressources limitées. Et il existe un consensus général sur le fait qu’il n’est pas réaliste d’espérer une conformité immédiate et complète. "Je pense qu'il y aura des cas de non-respect" des règles, a admis Vestager, prévenant que Bruxelles utilisera "tous les outils" à sa disposition pour y faire face. La législation prévoit des amendes pouvant aller jusqu'à 10 % du chiffre d'affaires global du contrevenant, voire 20 % en cas de récidive, et la menace du démantèlement en dernier recours. Avec au moins neuf lois majeures sur le numérique adoptées depuis 2019, il est "nécessaire de donner la priorité à leur mise en œuvre effective dans les années à venir", a insisté la Belgique, présidente tournante de l'UE.

Une préoccupation partagée par les entreprises technologiques européennes, qui souhaitent que Bruxelles veille désormais à ce que les règles existantes soient respectées avant d'en élaborer de nouvelles. "Les législateurs sous-estiment largement le défi posé par la mise en œuvre des récentes lois sur le numérique", prévient Zach Meyers du groupe de réflexion Center for European Reform. L'avalanche de textes augmente « le risque que la Commission et les autorités nationales chargées de leur application ne disposent pas des ressources nécessaires pour les mettre en œuvre correctement ».

DE NOUVELLES EFFECTIFS POUR LA DMA ET LA DSA

Vestager reconnaît que la Commission devra établir des priorités, malgré l'engagement de "renforcer" ses équipes : l'institution compte actuellement 80 salariés travaillant sur le DMA et 123 sur le Règlement sur les services numériques (DSA) qui encadre son contenu.

En revanche, Meta et TikTok ont ​​déclaré l’année dernière qu’ils employaient chacun plus de 1 000 personnes pour mettre en œuvre le DSA, et Google affirme qu’il mobilise « des milliers d’ingénieurs » rien que pour se conformer au DMA. Mais selon Fiona Scott Morton, experte des questions de concurrence à l'Institut Bruegel, le problème des forces en jeu est relatif : le DMA fait en effet porter aux entreprises la responsabilité de confirmer, d'expliquer et de démontrer qu'elles respectent les nouvelles règles. eux-mêmes".

(Article publié sur Agi )


Cet article est une traduction automatique de la langue italienne d’un article publié sur le magazine Début Magazine à l’URL https://www.startmag.it/innovazione/sara-davvero-efficace-il-digital-markets-act-contro-le-big-tech/ le Thu, 07 Mar 2024 13:39:11 +0000.