Je vais vous parler de mes 60 ans de mariage

Je vais vous parler de mes 60 ans de mariage

Le camée de Riccardo Ruggeri

Aujourd'hui, samedi 15 mai 2021, ma femme et moi fêtons soixante ans de mariage en lock-out volontaire, malgré un ultra- vacciné (tortue du Val Nervia, poisson cru fraîchement pêché, gâteau mignon aux fruits). Seul, parce que notre famille (belle-fille, enfants, petits-enfants) compte dix membres, trop pour la loi.

Nous nous sommes rencontrés en 1956, Lilli avait 18 ans, j'avais 21 ans, nous en avions à peine 17 ans. Le premier amour a vieilli avec nous, sereinement. Les premières années, tous les soirs, à 18 heures, je terminais le quart de travail à l'atelier Mirafiori 5, je prenais le tramway spécial Fiat, «Mirafiori-Porta Nuova Express», sans arrêt. Puis, à pied, jusqu'à la Piazza Statuto où elle a travaillé.

Se tenant la main, avec une lenteur complice, nous nous dirigeâmes vers la via Accademia Albertina, où il vivait avec sa mère veuve, dans une maison avec une balustrade. Sur le chemin, nous avons parlé étroitement. Quand j'ai écrit «Una Storia Operaia», nous avons essayé ensemble de nous souvenir de ce que nous nous disions dans ces denses dialogues de quarante ans plus tôt: nous ne nous souvenions plus de rien.

C'est vrai, les amoureux parlent de tout et de rien, leurs mots de poudre le sont. Ils sortent du cœur et s'y installent. Si la relation continue et qu'ils sont heureux, cela signifie que la poudre ne s'est pas transformée en poussière. J'ai toujours pensé que l'amour était ceci, poudre ou poudre. Dans certains cas, comme le nôtre, vous avez été immergé dans la poudre toute votre vie, la poudre n'a jamais pu se déposer.

Cinq ans d'engagement, quoique «dans la pureté» (à cette époque, l'éducation sexuelle était rigide, surtout dans la classe ouvrière qui visait à devenir une petite bourgeoisie). Nous n'avions qu'un seul objectif: nous marier et avoir des enfants. Une seule façon d'y arriver: travailler et économiser. La date du mariage était «ouverte», conditionnée uniquement par le niveau des économies.

Nous avons éliminé les coûts inutiles: la robe blanche avec traîne (sic!), La réception, le dîner de mariage, au profit du mobilier et de l'électroménager. Un lundi matin, à sept heures, nos mères et nos témoins se sont réunis, comme Carbonari, dans l'église Notre-Dame des Anges, où cent ans plus tôt avait eu lieu la messe funéraire du comte Camillo Benso di Cavour excommunié.

La lune de miel fut courte, nous allions passer notre première nuit à Apt, en Provence. Je voulais respirer l'air du lieu où est né mon père, décédé à 41 ans, fils de deux migrants partis chercher du travail en France. Tant de travail, tant de sacrifices, tant de mépris des Français, pas d'économies. Dix ans perdus! Pas la France jacobine de liberté, égalité, fraternité, mais la Fiat de Turin les sauvera de la misère.

Apt, en 1961, était un petit village à une cinquantaine de kilomètres d'Aix-en-Provence, niché sur les rives du Calavon, entouré de vignes basses et entretenues, et auquel la pluie qui nous accueillait avait donné une odeur délicieusement terreuse. Il n'y avait qu'une seule auberge, où le bois, la pierre, le lierre se mêlaient.

Nous n'étions jamais allés dans un hôtel, nous étions deux maladroits, quand ils ont appris que nous étions mariés ce matin-là, ils nous ont donné la "suite auberge". Un lit haut et étroit, un baldaquin grinçant, deux immenses lampes de chevet, un lavabo en fer forgé et une cruche à eau en céramique florale, une fenêtre avec de lourds rideaux donnant sur les vignes. Au dîner, on nous a rendu hommage aux calissons, bonbons provençaux en forme de losange.

Une pluie continue, qui a éclaté en rythme sur les tuiles, nous a bercés toute la nuit.

Notre vie a été merveilleuse, malgré le contexte obscène du «siècle court». Nous sommes nés sous un régime voyou de la droite, à la fin de la course, nous nous retrouvons dans un régime voyou de la gauche. Péché.

Qui sait si nos petits-enfants se souviendront de nous comme des grands-parents apòti, un peu fous, mais toujours souriants. Le sourire de tout et de tout le monde dans la vieillesse est un don de Dieu.

Safran.news


Cet article est une traduction automatique de la langue italienne d’un article publié sur le magazine Début Magazine à l’URL https://www.startmag.it/mondo/vi-racconto-i-miei-60-anni-di-matrimonio/ le Sat, 15 May 2021 05:40:12 +0000.