Parce que Biden veut que Poutine soit vaincu

Parce que Biden veut que Poutine soit vaincu

L'objectif américain de Biden n'est pas une guerre prolongée en Ukraine, mais la défaite de Poutine. L'article d'Enzo Reale pour Atlantico Quotidiano

Presque à regret, la presse italienne parle de l'impasse de la guerre en Ukraine. S'il n'y a pas de nouvelles fraîches de massacres ou de contre-attaques chaque jour, cela semble presque terminé, cela n'en vaut pas la peine. L'impasse, cependant, n'existe que dans un cirque médiatique qui se nourrit d'une urgence continue, qui est passée sans interruption du Covid aux attentats de Poutine. Il n'y a pas d'impasse pour les résistants d'Azovstal sur lesquels les Russes déchargent chaque jour leur puissance de feu, il n'y a pas d'impasse pour les réfugiés du Donbass, pour les morts-vivants de Marioupol, pour Odessa touchée par des missiles hypersoniques. Mais pas même pour les mêmes auteurs de ce massacre inimaginable dans l'Europe du XXIe siècle, (en) dignes héritiers de la folie nationaliste de Milošević, Karadžić et Mladić, dont on commémore ces jours-ci le trentième anniversaire.

Lors du défilé militaire du 9 mai, le parterre de la nomenklatura russe semble revenu aux temps embaumés de l'URSS. Le tout écoutant un discours plat, prévisible et feutré, dans lequel Poutine n'a rien trouvé de mieux que de se cacher derrière la définition surréaliste de "guerre préventive", seule la dernière incarnation de propagande d'un mensonge qui avait duré deux mois et demi. En plus d'être un crime, une erreur stratégique sensationnelle qui coûtera à la Russie des années d'isolement international et, probablement et espérons-le, au dictateur de rester au pouvoir. Même le grand manipulateur, le révisionniste en chef, n'a pas été capable de prononcer le mot victoire pour décrire une opération de guerre désastreuse et insensée, en termes d'objectifs et d'exécution.

Avril Haines, chef du renseignement national américain, l'a qualifiée de "guerre d'usure" de longue durée et a prédit une escalade des tactiques militaires de Poutine ("moyens encore plus drastiques"), compte tenu des difficultés à appréhender la situation sur le sol. Parmi celles-ci figure l'instauration probable de la loi martiale en Russie, qui pourrait être la prémisse de cette mobilisation générale annoncée par beaucoup avant le 9 mai et qui s'est pour l'instant soldée par une impasse. Haines a ensuite confirmé que tout laisse présager une extension du conflit à la Moldavie, à travers le "pont terrestre" que les Russes tentent de construire entre le sud de l'Ukraine et la Transnistrie. Une évolution annoncée, que seule la défaite de l'armée poutinienne pourrait conjurer. Gagner pour Kiev, c'est refouler les envahisseurs au moins sur les positions du 23 février, puisque toute conquête territoriale de Moscou représenterait, en plus d'une mutilation politique inacceptable, une nouvelle plate-forme logistique pour des attaques ultérieures.

Comme nous avons tenté de l'expliquer à plusieurs reprises depuis l'annonce de l'invasion (et même avant), l'objectif fondamental de cette guerre (le contrôle politico-idéologique de l'Ukraine) n'a jamais changé, malgré les reculs tactiques. Elle est simplement adaptée aux circonstances du conflit : si au début le mot d'ordre était le changement de régime à Kiev, à mesure que la résistance ukrainienne se consolidait, Moscou appliquait sa recette à des portions de territoire plus restreintes, en attendant des temps meilleurs. D'où la concentration de l'effort de guerre sur la tentative de sécurisation des positions dans le Donbass et l'oblast de Kherson, deux territoires aujourd'hui menacés d'annexion. Le plus grand résultat que la Russie puisse obtenir à l'heure actuelle est précisément de se coincer à l'intérieur de l'Ukraine, en retirant des régions entières de la juridiction de Kiev et en divisant effectivement le pays. Non seulement Poutine pourrait présenter ce scénario chez lui comme une victoire (même partielle) mais cela assurerait un espace vital pour la préparation des prochaines offensives (qui, nul doute, sont déjà prévues).

Pour cela, il est essentiel que les Russes échouent dans leur intention, en un mot que Poutine perde la guerre et subisse un contrecoup qui l'empêche de nouvelles opérations militaires à court et moyen terme. C'est exactement la position américaine, bêtement interprétée par divers pseudo-experts comme "la volonté de prolonger la guerre". L'objectif n'est pas une longue guerre, redoutée par Washington comme Bruxelles pour ses inévitables répercussions politiques et économiques, mais la défense de l'Ukraine et l'affaiblissement militaire de la Russie même au prix d'une longue guerre. D'où les déclarations d'abord du secrétaire à la défense Lloyd Austin, puis de Haines, qui a insisté sur les responsabilités de ceux qui ont voulu et provoqué le conflit, et enfin de Stoltenberg lui-même (ce dernier dénoncé à l'envers par les suspects habituels) qui a réitéré le soutien inconditionnel au pays attaqué tant dans la sphère défensive que dans la phase des négociations diplomatiques, dont seules les autorités de Kiev peuvent légitimement décider de l'opportunité (et du moment).

La première véritable contre-attaque des troupes ukrainiennes a eu lieu à Kharkiv ces derniers jours, les Russes étant contraints de se retirer à la frontière. Même si le gros de l'armée de Moscou est déployé à l'est, la perte de l'avant-poste nord signifie l'abandon d'une base opérationnelle importante précisément dans la perspective du Donbass. Il faut donc s'attendre à une réaction russe qui, si elle n'arrivait pas, signalerait des difficultés encore plus grandes que celles déjà soulignées. Pendant ce temps, les quarante milliards de dollars d'aide militaire sont officiellement devenus la loi des États-Unis. Franchement, on ne voit pas comment Poutine peut sortir du tunnel dans lequel il s'est glissé.


Cet article est une traduction automatique de la langue italienne d’un article publié sur le magazine Début Magazine à l’URL https://www.startmag.it/mondo/biden-sconfitta-putin/ le Sun, 15 May 2022 06:16:19 +0000.