Parce que la politique économique de l’UE restera asphyxiée

Parce que la politique économique de l'UE restera asphyxiée

L'analyse de l'économiste Gustavo Piga

La Commission européenne a publié la semaine dernière son analyse sur le positionnement de la politique budgétaire européenne dans le contexte du Covid, un document économique important. Les données sont sans doute « massées » pour faire percevoir un positionnement en faveur de l'économie de l'UE, qui a certes eu lieu en 2021 lors du deuxième pic de la pandémie mais qui au contraire manque sensationnellement d'attrait pour les années suivantes (le rapport s'arrête à 2022) , au moment où il était le plus nécessaire de relancer une économie abasourdie, pessimiste et craintive. Mais les données peuvent être massées jusqu'à un certain point et il ne fait aucun doute que les vérités finissent par sortir, grâce à ce qui est contenu dans le rapport lui-même.

Vérité numéro un : la position budgétaire de l'Europe est moins axée sur la croissance que celle des États-Unis. Le soutien budgétaire cumulé dans les deux zones fédérées est, selon le rapport, supérieur à environ 3 points de pourcentage du PIB aux États-Unis. Mais, précise alors le texte, les données rapportées pour les USA « pour 2022 pourraient encore augmenter si le « American Jobs Plan » et le « American Families Act » proposés par l'administration Biden venaient à être adoptés, puisqu'ils ne sont pas inclus dans le calculs". Et comme la probabilité d'adopter ces nouveaux plans expansionnistes américains est très élevée, l'écart entre l'attention européenne à l'emploi et à la production par rapport à celle des alliés d'outre-Atlantique atteindra un niveau inexplicablement inquiétant. Si Biden veut avec cette attention portée à la souffrance des personnes effacer le risque d'un retour des tendances antidémocratiques et séparatrices, il n'y a aucune raison pour que l'Europe ne fasse pas de même pour annuler le spectre toujours présent de l'anti-européanisme.

Deuxième vérité : la position budgétaire européenne pour 2022 ne sera pas expansive. Evidemment, la Commission essaie cependant de souligner en quoi le positionnement fiscal des États membres est favorable à l'économie. Mais là aussi, les données et quelques phrases significatives prouvent le contraire. Le graphique ci-dessous, en plus de confirmer une aide effective aux économies européennes en 2020 et 2021, indique également qu'en 2022 il y aura une « expansion budgétaire » similaire. Le lecteur curieux demandera le sens de ce commentaire, à la lumière de l'histogramme de cette année dans la zone négative. Le mystère est résolu quand on lit que la Commission européenne entend l'élargissement par rapport aux années précédentes celle qui ne prend pas en compte les aides pendant la pandémie : alors oui, nous sommes (très peu) plus expansifs en 2022 que le (pas très expansif) position avant -pandémie de 2019 ; mais par rapport à 2021, en incluant l'aide à la lutte contre le Covid, on assiste en réalité à une restriction fiscale de proportions importantes.

Et cela est confirmé par le passage du texte qui se lit comme "en 2022 les déficits publics sont voués à diminuer fortement, tandis que la reprise se renforce et que les mesures temporaires mises en place pendant la pandémie sont retirées". Le graphique montre avec des points la position des déficits du PIB de chaque pays en 2021 et avec des rectangles le déficit par rapport au PIB (selon le type d'indicateur de déficit choisi) en 2022, clairement et nettement inférieur. C'est-à-dire que l'on pense que le patient européen de 2021 en 2022 sera complètement rétabli et capable de s'en sortir comme en 2019 : quelle myopie face au plus grand choc agrégé depuis la guerre !

Troisième vérité : la situation budgétaire de l'Italie pour 2022 sera la plus restrictive de toutes en termes d'impact sur la croissance.

On ne peut pas finir par ne pas se demander ce que dit le Rapport sur notre pays. Et ici, les choses deviennent encore plus dramatiques. Ce graphique illustre impitoyablement les conditions dans lesquelles l'Italie sortira de la pandémie en 2022 : dernière de tous les États membres de l'UE en termes de performances économiques, même toujours en baisse.

Nous devons nous demander comment il est possible que l'Italie soit à nouveau perdante, enveloppée dans une nouvelle crise économique que même la reprise n'est pas en mesure d'annuler. Il sera utile de commencer par dissoudre d'autres hypothèses tendancieuses : il est évident que ce retard sensationnel a peu à voir avec les réformes structurelles dites (manquées), qui sont un phénomène de moyen terme, et que la réponse doit être trouvée dans le (manque de) soutien habituel à l'économie apporté par la demande publique. Et en fait, dans un autre graphique, la Commission européenne montre comment l'Italie en 2022 aura – avec la Grèce – la plus grande réduction du déficit public sur le PIB dans toute la région, une réduction que notre document économique et financier prévoit même égale à 6 points de pourcentage : près de 120 milliards de revenus en hausse et des dépenses en baisse. Une partie de cette réduction aurait pu être évitée, en faisant passer (et non en annulant) une partie des dépenses de l'urgence 2021 en des investissements publics accrus en faveur de l'économie ou en une baisse de la fiscalité générale.

La preuve est claire, encore une fois dans le rapport de la Commission européenne. En fait, le cas de l'Espagne se démarque, touché en 2021 comme nous par la pandémie, qui réduira son déficit de moitié par rapport à l'Italie, obtenant ainsi 2 points de pourcentage de plus de croissance économique. Une croissance qui sécurisera leur ratio Dette/PIB et surtout la stabilité politique du pays, contrairement à la nôtre. La synthèse de tout cela est habituelle : une fois de plus l'Italie perd une incroyable opportunité de changer l'Europe et l'Europe une opportunité de changer l'Italie ; pour le mieux bien sûr.

Article publié sur gustavopiga.eu


Cet article est une traduction automatique de la langue italienne d’un article publié sur le magazine Début Magazine à l’URL https://www.startmag.it/economia/perche-la-politica-economica-ue-restera-asfittica/ le Sun, 08 Aug 2021 05:51:08 +0000.